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Axes de recherche

Axe 1. Usages et usager·es de la science ouverte : appropriations – détournements – épistémologies

Cet axe de recherche a pour but de documenter largement les usagers des plateformes de science ouverte et leurs pratiques informationnelles. Qui sont ces usager·es – universitaires, galeries-bibliothèques-archives-musées (GLAM), journalistes ? Quels « usages inattendus » sont faits de ces contenus et services – entreprises privées, associations à but non lucratif et ONG ? Quelles pratiques de recherche, production, consommation et circulation d’information et de savoir ces publics déploient-ils sur ces plateformes et entre les plateformes ? Quelles compétences numériques et documentaires ces publics possèdent, développent ou nécessitent-ils pour naviguer au sein de l’écosystème de la science ouverte ? Comment ces pratiques et compétences s’appuient, détournent ou ignorent les outils, métadonnées et standards existants ? En retour, et afin de favoriser une expérience utilisateur intégrée, selon quelles modalités est-il possible d’inclure ces publics et les résultats de l’observatoire dans la conception et le prototypage d’interfaces, de formations ou d’outils nouveaux ?

 

Projet – Observatoire des usages COMMONS

Projet – Découvrabilité des contenus et pratiques de navigation

 

Axe 2. Qu’est-ce que la « science ouverte » ? Histoire – infrastructures – politiques

La science ouverte fait figure d’objet frontière : ici elle est envisagée comme une libre circulation et appropriation des connaissances dans un idéal de partage et d’universalité, là elle est vantée comme une réaction à l’oligopole des grandes maisons d’édition scientifique, là encore, c’est un mot d’ordre pour la création et la gestion de communs de la connaissance, en particulier en y incluant des savoirs invisibilisés ou marginalisés. Dans ce contexte, quelles définitions, quels rôles et quelles fonctions la science ouverte peut-elle ou doit-elle jouer ?

Cet axe se propose de développer une meilleure compréhension de l’« écosystème » qui est la condition de possibilité des savoirs et des dispositifs de la science ouverte. Cette compréhension permet alors de mettre en exergue la très grande diversité des acteurs de la science ouverte, de leurs intérêts et des compétences qu’ils déploient, ainsi que de mettre en lumière la grande complexité des dynamiques d’un tel écosystème.

 

Projet – Gouvernance et écologie des infrastructures de recherche numériques : https://zenodo.org/records/10036402

Projet – Groupe de travail “Savoirs Partagés” (en collaboration avec le CIS et Inno3) : https://ok.hypotheses.org/projets/science-ouverte/sapa

 

Axe 3. Les données des SHS : ouverture – IA – épistémologies

Les données et la datafication – des objets, des pratiques, des épistémologies – sont des sujets de controverse au sein des sciences sociales et humaines : pour certain·es chercheur·euses, le terme même de “données” peut être un « dirty word » parce qu’il ne saisit pas la nature et la diversité de leur matériau empirique et, par conséquent, évoquent un paradigme épistémologique entièrement guidé par l’analyse de données qui mettrait en péril les spécificités épistémiques des disciplines des SHS. Pour certain·es chercheur·euses, la datafication de leurs matériaux et de leurs méthodes entraîne une transformation radicale de leurs pratiques ; une transformation qui porte atteinte à leur éthique de travail et à leur épistémologie, et donc à la signification politique de leur travail, puisqu’elle pèse sur leur liberté académique et sur la nature critique de la connaissance en sciences humaines. Un paradoxe majeur semble être au cœur de la question des données en SHS : la position constructiviste partagée par la plupart des SHS – et la nécessité qui en découle pour les chercheurs de « faire leur travail de terrain », ou de faire l’expérience du « goût de l’archive » – serait en contradiction avec les recommandations, les incitations et les injonctions qui poussent à la « bancarisation » des données dans des référentiels dédiés et à des approches axées sur les données.

Cet axe de recherche se propose de revenir à l’irréductible hétérogénéité des matériaux de la recherche en SHS et la concomitante variété des pratiques de production, gestion, analyse, partage et réutilisation desdits matériaux.

ProjetPaRéDo SHS

Axe 4. Sciences citoyennes et participatives

La science ouverte se trouve aujourd’hui à un moment charnière de son développement, notamment avec la reconnaissance et l’intégration progressive des sciences citoyennes et participatives comme nouveau volet clé des stratégies nationales et internationales de science ouverte. Si en France, elles font une timide apparition dans le Deuxième Plan national pour la science ouverte (PNSO), l’UNESCO reconnaît pourtant l’importance des sciences citoyennes et participatives depuis 2021, marquant une avancée significative dans leur structuration à l’échelle mondiale, en particulier en lien avec la science ouverte. Toutefois, bien que la volonté d’articuler OS et CS soit de plus en plus affirmée, cette articulation reste encore largement à construire, en particulier en ce qui concerne les sciences humaines et sociales (SHS).

Pourtant, les sciences citoyennes et participatives prolongent et amplifient les problématiques soulevées par la science ouverte. Si celle-ci questionne les conditions d’accès aux connaissances, les formats de publication, l’exposition des données ou encore les modalités de valorisation économiques des résultats scientifiques, les sciences citoyennes et participatives poussent ces problématiques encore plus avant en ouvrant chaque étape de la fabrique des connaissances, notamment en y intégrant des contributeur·ices extérieur·es aux cercles académiques traditionnels et des formes de savoir non académique. La diversité épistémique apparaît ici comme une richesse, mais aussi comme une véritable problématique dans la structuration et l’acceptation institutionnelle des pratiques de sciences citoyennes et participatives. Cette dynamique, qui prolonge des questionnements ouverts par la science ouverte, accentue le questionnement permanent des frontières de la science légitime.